soann artiste peintre
C'est là-haut que ça se passe.
Derrière les grandes baies vitrées, des silhouettes évoluent, comme suspendues dans un espace inattendu et toujours le piano...
Il FAUT y aller ! C'est vital.
J'ai peur de bonheur.
A coeur ouvert...
Pleyel se révèle dès les premiers échos de mes pas sous sa rotonde sonore. Les marches m'aspirent vers une élévation autant physique que spirituelle...
C'est la passion vivante ; presque trop forte , qui soulève et intimide à la fois.
Un peu comme devant mon tableau :
serai-je à la hauteur de tant de beauté ?
Et tous ces flots de piano qui envoûtent, qui frissonnent ; ces voix de professeurs aux accents étrangers : ils sont russes, américains, et...mais tous parlent le langage universel de la danse : le français.
Et même parfois, on ne parle pas, on fait, comme disait Noureev ; juste quelques gestes de la main, et tout le monde comprend !
Tout le monde comprend que la souffrance, la contrainte acceptée font partie du droit d'apprendre à danser...
IVAN sifflote...avant le cours, ravi sans doute des " souffrances " qu'il va nous infliger. Mais c'est oublier que l'on aime ça ! et que l'on en redemande !
Cher IVAN.
Chers Artistes dévoués à notre passion : Dora à la perfection raffinée - Bertrand aux terribles abdominaux en " chiffres romains " (avec la barre !) - Béatrice - Nelly - Natacha encorrre ! - MaItre Attilio Labis, IVAN bien sûr et d'autres encore ... danseurs étoiles, tous si simples !
Un dernier regard au miroir... ventre plat, jambes fines, netteté et le miracle se confirme dès les premières notes de piano.
Emotion.
En bas, dans la rue...les pavés sont toujours bruyants, et on y roule encore vite.
Mais la vraie vie est là, à mes pieds. A mes pieds embellis de satin rose, qui bientôt me feront si mal que je réentendrai IVAN me dire " ah, vous avez mis vos engins de torture "
Comment un homme peut-il comprendre ça ?
...le bonheur de marcher sur les pointes !
Bien sûr, nous ne serons jamais ni Sylvie Guillem, ni Svetlana Zakharova. Dans une autre vie, peut-être ?
Rêvons quand-même avec cette musique si belle parce que triste, ou si triste parce que belle. Les larmes ne sont souvent pas loin, en dedans. Pendant 1 heure ou 2, le monde intérieur est d'une plénitude exceptionnelle.
Comment faire pour arrêter de danser, ou pour arrêter de peindre ? Encore une similitude artistique.
Christophe ne peut retenir ses envolées musicales, ... Jean Luc prend des couleurs...une Dame blonde, pommettes typiques russes, regard lointain -l'âme à l'oeil- nous inonde de romantisme. Les vibrations de son piano sont trop émouvantes pour ne pas être envoûtée. Plus rien d'autre n'existe que cette harmonie parfaite.
Cependant, il faudra bien quitter ce lieu magique.
...faire encore quelques " Petits Pas "
...évoluer comme si l'on regrettait de quitter le mouvement, jusqu'au prochain cours, jusqu'au dernier cours puisque ce temple sacré de la Danse et de la Musique n'est plus aujourd'hui.
Le monde du business s'en est accaparé pour en faire quoi ???
L'évanouissement de tulle de la Sylphide...
La Mort du Cygne
PLEYEL ...ou le Sourire Stanlowa
à celle qui arrivait toujours en avance, et repartait toujours tard...
le bonheur enfui, le bonheur enfoui à l'abri d'un rideau de merveilleux souvenirs.
Songez à la magie de l'instant, lorsque danse et musique s'épousent et que le ciel se met à neiger, vite avec le vent : un vrai décor de théâtre !
...ou lorsque la nuit s'éclaire alors que le cours continue dans son monde à part ; ou la pluie, et surtout le terrible soleil éblouissant et...si chaud derrière les baies vitrées !
J'avoue avoir enregistré presque tous les cours, pour les revivre...ou les partager...comme un Secret.
et comme j'ai eu raison !
Soann
Commentaires
06.11 | 15:01
pour un peu, je serais " honorée "... quel sort le monde moderne, tout ...
17.09 | 16:27
quelle phrase merveilleuse, on se croirait chez Balzac !
01.08 | 15:06
...vous travaillez sans doute à quelque bel ouvrage...