un vrai capharnaüm ...

Description

la plus petite toile tient dans le creux de la main...la plus grande n'en finit pas...

une forêt de pinceaux en bouquets, sentinelles patientes...

des tubes de couleurs, tourmentés mais généreux...

Il suffit d'un rayon de soleil, un reflet subtil de miroir, et jaillit le jeu magnifique des couleurs éclatantes sur les verreries transparentes, sur une foule de choses glanées au fil du temps, parfois ordinaires, mais toujours "ânimées", des trouvailles, des coups de coeur.

Oui, c'est un refuge ; on se sent bien dans ce fouillis artistique spontané, mais ordonné où rien ne se perd, où tout a sa place "gardée".

Mousselines évanescentes, dentelles raffinées côtoient d'onctueux chiffons effilochés à la texture idéale pour faire briller les fruits...sur la toile aussi...et 1000 petits riens voisinent : statuettes, écorces, feuilles craquelées, grignotées, bijoux du temps passé, choses précieuses de la féminité, tout une poésie anachronique et démodée !

On a l'impression de tout avoir sans rien posséder !

Des notes jetées en vitesse, réflexions et propres critiques, petits secrets révélés à force d'à force...autodidacte riche de son expérience personnelle, accumulant croquis de-ci et de-là ...comme au cours dun voyage en train : excellente situation pour entraîner sa mémoire visuelle.

Car tout va vite.

Les souples fourrures de saules ourlent harmonieusement les bords de Seine...les troncs tourmentés attirent une interprétation excessive de leur souffrance. Ils filent...

Mais il faut aussi faire -discret- capter le visage des passagers, ceux qui s'endorment, les bavards, les girouettes...

De flash en flash, les idées prennent forme, deviennent envies puis réalité et bonheur...à ma façon.

Comment arriver à "rendre" ce qui nous est offert à foison, ce que l'imaginaire entretient intérieurement avant d'en tracer l'ébauche, parfois sur un mur, en attendant...

L'inspiration est sans fin, et part quelquefois dans des sphères  plus mystérieuses. Pour une fois on se posera une question au sujet de mon tableau !

Mais, finalement, la question n'est pas de se demander comment peindre, mais plutôt, comment arrêter de peindre...

Car il y aura toujours du Beau, aussi vrai que la Seine s'écoule depuis la nuit des temps, de sa source à la mer, sans cesse...on n'y pense même pas, on s'y habitue comme au Beau. On finit par oublier ; dommage.

Il est dit que "la beauté est une exception, une insulte au monde qui est laid.." mais une attention sincère remet parfois de l'ordre dans le vrai, comme le jour où cet ange blond dans son cadre de 7cm s'est approché de ma toile fleurie et a dit " humm, sent bon !!"

Deo gratias !

pour ce compliment spontané.

Depuis, j'en ai eu d'autres, et je vous remercie vous tous, qui m'avez fait l'honneur de votre choix.

Grâce à vous, mes tableaux vivent en Angleterre, en Suède, chez des Artistes Russes, en France, et loin ailleurs, loin du charabia des "philosoph'art" et du snobisme contemporain.

Quittons l'atelier avec sa légère odeur d'essence, et dans la belle mélancolie d'un piano nommé Désir de Saint Preux, un Artiste.

Tout un Art de vivre tourné vers une esthétique de l'intemporel et de l'intime.

Soann